En 1865 à Hokayama, dans l'Ouest du
Japon, naît une des rares japonaises retenue par la Diète (Parlement)
comme figure nationale marquante.
Kageyama Hideko (plus connue
sous le nom Fukuda Hideko, du nom de son mari), fille d'un samouraï de
rang modeste et d'une femme lettrée enseignant dans une école pour
filles, grandit dans une atmosphère d'ouverture à l'Occident et ses
références sont Jeanne d'Arc, Benjamin Franklin ou les nihilistes
russes. En 1865 à Hokayama, dans l'Ouest du
Japon, naît une des rares japonaises retenue par la Diète comme figure nationale marquante.
En
1882, elle est professeur, refuse les demandes en mariage et les
discours de Kishida Toshiko, représentante de la nouvelle vague
féministe dans le Japon de l'ère Meiji, l'incitent à rejoindre le
"Mouvement pour les droits du peuple" qui s'étend dans le pays.
Sur
ordre du pouvoir oligarchique local inquiet des revendications
populaires, l'école pour femmes qu'elle a créée - Jokogakusha - ferme
en 1884. Hideko ne désarme pas pour autant. Elle se rend à Tokyo et
rejoint, aux côtés de son compagnon Kentaro Oi, les protagonistes d'une
action visant à renverser le gouvernement prochinois en Corée. Préparé
par l'aile radicale du mouvement, quelque peu affaibli par la
répression et par des dissensions internes, le complot tourne court et
tous les membres sont arrêtés en 1885.
A tout juste vingt ans,
Hideko est emprisonnée pour crime d'Etat. Son procès attire les foules.
Qualifiée de "Jeanne d'Arc du Japon", elle devient une véritable source
d'inspiration pour de nombreuses femmes. Elle regrette pourtant cet
engagement, décidé "sans beaucoup de connaissances et guidée par
l'émotion", qui a somme toute contribué à créer une option favorable à
l'intervention japonaise en Corée.
Dans son autobiographie, elle
cite cette anecdote : "le directeur de la prison qui vient m'informer
que (...) j'étais libre me conseilla de me consacrer à l'avenir encore
plus passionnément à la nation. En entendant cela, un sentiment étrange
s'empara de moi. Jusqu'à hier j'étais un traître, mais en l'espace
d'une heure je venais d'être transformée en patriote".
Après une
dizaine de mois passés en prison, elle survit grâce à de petits emplois
avant de fonder une seconde école pour femmes - Joshi Jitsugyo Gakko -
en 1891. Celle-ci ferme ses portes en raison de difficultés
financières. Puis Hideko rencontre Fukuda Tomosaku, issu d'une famille
riche mais influencé par le mouvement ouvrier américain. Ils ont trois
enfants, mais Tomosaku meurt en 1900...
Elle découvre alors le
socialisme, milite au sein du groupe Heiminsha, notamment contre
l'article 5 de la loi de maintien de la paix interdisant aux femmes
toute activité politique et, en 1907, crée Sekai Fujin, magazine des
"femmes du monde" et de l'émancipation féminine.
Proche de
Tanaka Shozo, membre de la Diète, connu pour sa lutte contre les mines
de cuivre de Ashio, dont l'activité a empoisonné la rivière Watarase,
elle publie de nombreux articles sur cette affaire dans son magazine
avant que des poursuites, amendes, censures et peines de prison
n'entrainent sa disparition, après deux ans et demi d'existence.
Cette
phrase, notée dans son autobiographie, résume sans doute son parcours
entier : "Quand je regarde mon passé, je vois une succession d'échecs.
Mais je me suis toujours battue". Elle meurt après soixante et un ans
d'une vie agitée et de relative pauvreté.
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